Saint-Barthélemy grenobloise
25-30 novembre 1943
Se référant aux massacres des protestants de 1572 au cours des guerres civiles que connut la France à la fin du XVIe siècle, la « Saint-Barthélemy grenobloise » est une opération de répression conduite par le lieutenant Moritz du SD (Sicherheitsdienst, service de renseignements de la SS) de Lyon, et confiée à une équipe de collaborateurs lyonnais, qui vise à éliminer les chefs de la Résistance iséroise dans le but d’anéantir son organisation. Après de minutieuses enquêtes et s’appuyant sur des renseignements obtenus auprès de membres grenoblois du Parti franciste, les hommes de Francis André dit « Gueule tordue » multiplient les actions de répression à Grenoble et dans ses environs entre le 25 et le 30 novembre. Au total, vingt-cinq personnes vont être arrêtées, souvent à leur domicile, exécutées sommairement et abandonnées au bord d’une route ou sur un terrain vague, ou déportées dans les camps de concentration nazis. La Résistance iséroise qui perd au cours de cette semaine sanglante quelques-uns de ses principaux chefs (Gaston Valois, Jean Perrot, Jean Bistési), en sort nettement affaiblie. Albert Reynier, préfet à la Libération, Louis Nal, chef des groupes francs de l’Isère, et Pierre Flaureau, cadre du Parti communiste, échappent de peu à l’équipe des tueurs.
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Roger Guigue
Employé du génie civil, participe au CDM (Camouflage du matériel), sous les ordres de Louis Nal. Il est arrêté le 25 novembre vers 18h au salon de coiffure de sa femme, 15 rue Brocherie. Son corps est retrouvé le lendemain au lieu-dit des Jaillières, à Meylan.
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Georges Duron
Ancien militaire, il vend des billets de la Loterie nationale tandis que sa femme tient une boutique de fleurs, place Victor Hugo. Membre du réseau Gallia, il est arrêté le 25 novembre à 18h30 dans le magasin de son épouse. Il se débat, est assommé et conduit dans la traction des hommes de Francis André. Son corps est retrouvé à Varces.
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Jean Pain
Journaliste et adjoint du docteur Valois, chef départemental des MUR (Mouvements unis de résistance), il est arrêté le 25 novembre à 18h15 au Café du Tribunal, place Saint-André. Son corps est retrouvé au Chevalon-de-Voreppe. Itinéraire
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Jacques Girard
Le 26 novembre, le docteur Jacques Girard, membre des MUR, est arrêté à 14h à son domicile, 60 rue Élisée-Chatin. Son corps est retrouvé au hameau de Malhivert, à Claix.
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​Henri Butterlin
L’assistante du docteur Henri Butterlin, Édith Girousse, est l’épouse d’Antoine Girousse, franciste et collaborateur du SD de Lyon. Ce dernier dénonce le docteur Butterlin aux services allemands pour propos gaullistes. Arrêté le 26 novembre à son domicile, 5 rue de Palanka, son corps est retrouvé aux Garcins à Vif.
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Joseph Bernard
En début de soirée, le 26 novembre, Joseph Bernard, agent d’assurances et gendre du lieutenant Berteaux, du Parc d’Artillerie, l’un des responsables du CDM, est assassiné devant son domicile du 26 place Vaucanson.
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​Alphonse Audinos
À 17h30, le 26 novembre, Alphonse Audinos, ingénieur électricien, membre de l’ex SFIO (Section française de l’Internationale ouvrière) et ancien conseiller municipal socialiste de Grenoble, est arrêté au 22 cours Berriat. Son corps est retrouvé, chemin de Ronde, entre les rues Abbé Grégoire et Ampère.
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​Gaston Valois et Suzanne Ferrandini
Le 27 novembre, à 2h du matin, le docteur Gaston Valois, chef départemental des MUR et sa secrétaire Suzanne Ferrandini, qui mourra en déportation, sont arrêtés au 5 rue de Palanka. Le docteur Valois se suicide le 29, dans l’une des cellules du cours Berriat, siège du SD, après avoir été affreusement torturé. Peu après, c’est au tour d’Henri Maubert, que le docteur Valois a caché sous un faux nom à la clinique des Alpes à La Tronche d’être arrêté. Déporté, il reviendra des camps nazis.
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​Jean Bistesi
Jean Bistési, professeur à l’Institut d’électrochimie et d’électrométallurgie de Grenoble et chef départemental de Combat est abattu le 29 novembre, vers midi, devant son lieu de travail, alors qu’il vient de donner un cours.
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​Maurice Taccola
Maurice Taccola, ajusteur-mécanicien à l’usine Raymond et membre du mouvement Franc-Tireur, est arrêté le 29 novembre au domicile de Jean Perrot, 2 rue Jean-Macé, à 18h30. Déporté, il ne reviendra pas des camps nazis.
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​Henri Arbassier
Le 27 novembre, à midi, le docteur Henri Arbassier, déjà incarcéré par les Italiens d’avril à juillet 1943, est arrêté à son domicile du 20 avenue Alsace-Lorraine. Détenu à Montluc, puis à Fresnes, il est libéré fin août 1944.
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​Jean Perrot et Jean Fouletier
Le 29 novembre, Jean Perrot, directeur commercial des usines Sappey et chef départemental du mouvement Franc-Tireur, est abattu d’une rafale de mitraillette dans son bureau vers 16h, tandis que son beau-frère, Jean Fouletier, blessé à la cuisse, est arrêté puis déporté. Il ne reviendra pas des camps nazis.
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​Rue de Strasbourg, magasin Boninn-Arthaud, Marcel Boninn, Marcelle Boninn, Anthelme Croibier-Muscat, Gustave Estadès, Edmond Gallet, René Mauss
Le 27 au matin, Francis André et son équipe mettent en place une véritable souricière à la « boîte aux lettres » du mouvement Combat, chez le photographe Boninn-Arthaud, au 1 rue de Strasbourg. Au fil de la journée sont arrêtés Edmond Gallet, étudiant et membre de l’AS (Armée secrète), décédé en déportation, René Mauss, déporté et mort à Auschwitz, Anthelme Croibier-Muscat, membre du groupe franc Vallier, miraculeusement libéré de Drancy, Gustave Estadès, également membre du groupe Vallier, déporté, qui reviendra des camps, et les époux Boninn-Arthaud, dont seule Marcelle survivra à la déportation.
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